The Vincent |
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Vincent Perez avait déjà dévoilé bon nombre de ses talents. Avec «La forêt», il ouvre son imaginaire au neuvième art. A mi-chemin entre les univers de Tolkien et de Tim Burton, le scénariste fait vivre des personnages sombres, féeriques, surprenants et bourrés d'humour. Les illustrations de Tiburce Oger («Gorn», «L'auberge du bout du monde»...) se marient au texte à la perfection. C'est l'histoire de Titiana, princesse au passé mystérieux perdue dans un bois peuplé de sortilèges... Un «voyage dans un monde de métaphores». Depuis sa maison de campagne au «jardin qui chante», Vincent Perez nous raconte son arrivée dans le monde de la BD. Cette première BD est une vraie merveille, comment s'est passée votre collaboration avec le dessinateur Tiburce Oger? On y a mis tout notre coeur. Tiburce est plus qu'un dessinateur. C'est un vrai metteur en scène. Il y a des cadres, des contre-plongées, des top shots, une manière de mettre en scène cette histoire qui est absolument remarquable, et qui en rythme bien chaque étape. C'est un inventeur. Les détails des décors sont impressionnants, c'est de l'horlogerie! On peut se balader longtemps sur une case, et ça devient du cinéma. Il n'a pas peur de prendre des risques, des choix de couleurs assez osés. Ce qui donne de la variété à cette longue bande dessinée, qui fait 86 planches. On a pratiquement deux volumes en un. Nous avons décidé d'en faire un bel objet. Quel effet ça fait de découvrir, pour une fois, l'un de vos scénarios sur planches BD? Le grand moment d'émotion, c'est le jour où il m'a montré les 86 planches en couleurs, c'était vraiment très beau... Mais, avant, j'ai découvert tout cela par étapes. J'ai suivi les crayonnés, on s'est échangé des e-mails avec des essais sur les personnages. Certains ont été vite trouvés, d'autres pas. On a, par exemple, mis du temps à trouver les sorcières, car j'avais une idée très précise de ce que je voulais. Tiburce travaille très vite: trois mois pour les crayonnés, trois mois pour le passage à l'encre de Chine, et trois mois pour la couleur. Etes-vous allé à la BD, ou la BD est-elle venue à vous? C'est moi qui suis allé à la BD. En fait, j'avais écrit
cette histoire pour le cinéma. J'ai mis une année à écrire ce scénario qui
fait 120 pages. En France, il est impossible de produire une histoire comme
celle-là. Bien que, on ne sait jamais, mais ce serait plutôt une histoire
anglo-saxonne que française. Je ne savais pas vraiment quoi en faire. Petit
à petit, l'idée d'en faire une BD m'est venue. J'ai rencontré le directeur
de Casterman, qui a lu le scénario et m'a parlé de Tiburce Oger. On lui a
fait lire le texte, et il a eu le coup de foudre. Je n'ai pas une très grande culture de la BD. J'ai un peu abandonné quand j'avais 15 ans. Quand j'étais môme, dans ma campagne vaudoise, à Cheseaux et à Penthaz, je lisais beaucoup d'Astérix, de Spirou, de Pif Gadget, etc. Mais c'est surtout mon père qui est un aficionado de la BD. Lui-même dessinait beaucoup. Il m'a donné des crayons dès mon plus jeune âge, j'étais un passionné de dessins. J'ai beaucoup travaillé avec Pierre Gisling, qui a été mon mentor. C'est lui qui m'a initié à pas mal de techniques. On participait à des émissions avec des camps de dessin filmés par la TSR. Il a été l'un des aiguilleurs de ma carrière. C'est grâce à lui aussi que j'ai pris un appareil photo, je suis devenu photographe, et la photo m'a amené au cinéma. Dans la BD actuelle, quelles sont vos préférences? J'aime beaucoup Joann Sfar, «Grand vampire», ses dessins
très expressionnistes. J'aime le semi-réalisme dans la BD, où l'on peut
créer des expressions drolatiques. J'aime le côté ludique de la bande
dessinée. Oui, bien sûr! Oui, j'adore inventer des histoires! On fait travailler
son imaginaire, autant l'enfant que le parent. C'est pas mal d'avancer dans
des histoires sans savoir vraiment où l'on va. Cela peut créer de bonnes
surprises. Ça ne peut pas s'arrêter là! Tiburce a déjà un scénario
entre les mains. Il va me proposer des coupes. Cette histoire-là
s'appellerait «Les inséparables». Mais j'ai aussi envie de faire continuer à
vivre quelques personnages de «La forêt». Je ne sais pas... Mais c'est sûr
qu'on a très envie de poursuivre. [Written by Camille Destraz]
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