The Vincent |
MADAME FIGARO
INTERVIEW April 17, 2004 |
Avec son physique et son talent, on aimerait croire qu’il en existe d’autres! Marié à une actrice, ce père de famille nombreuse joue, réalise, signe des scénarios. A l’écran dans “Alma”, il incarne le peintre viennois Oskar Kokoschka en pleine passion amoureuse.Son premier film en tant que réalisateur, “Peau d’ange” (en 2002), il l’avait coécrit avec son épouse, la comédienne Karine Silla. Cette fois, et ce sont des choses qui arrivent même dans les couples les plus unis, ils font scénario à part. “Depuis septembre, pendant que Karine en écrit un de son côté, je travaille tout seul à mon prochain film avec l’impression d’avoir devant moi une montagne à escalader,” dit-il avec le sourire vaillant du mordu de la petite reine abordant les premières pentes du Ventoux. Ce garçon est étonnant, grave et léger à la fois, limpide et en même temps translucide, toujours cordial, fonctionnant de préférence aux sentiments et à l’intuition, se décrétant cartésien avec, paradoxalement, une tendance pas banale à se laisser griser par les histoires de fantômes, de conjonctions surnaturelles, de connexions mirobolantes. Il conteste d’abord ce penchant pour le surnaturel, finit par l’admettre avec un petit rire où frise, malgré tout, une certaine perplexité : “J’ai toujours été fasciné par l’univers des légendes, et c’est dans les légendes bretonnes que je puise les idées de mon film. J’avais besoin de me retrouver tout seul devant la page blanche et d’exprimer un univers enfoui en moi jusque-là.” LE RÔLE DE SA VIE ? CELUI DE PAPA
LA PALETTE DE L’ACTEUR Il s’interrompt avec encore ce sourire qui crible son regard d’un trop-plein de plaisir, reprend comme on livre une confidence : “J’ai mis des années à vivre comme ça, à accepter d’avoir du bruit et de l’agitation autour de moi. ” Aujourd’hui, on en jurerait, il ne pourrait plus vivre autrement. Et comme il trouve encore le temps d’être acteur, il est maintenant au générique d’" de Bruce Beresford - sur les écrans le 28 avril -, aux côtés de Sarah Wynter, révélée dans la série télé 24 Heures chrono", et de Jonathan Pryce : l’évocation de la vie d’Alma Mahler, l’épouse du compositeur et chef d’orchestre Gustav Mahler et, au tournant du XXe siècle, considérée comme “la plus belle femme de Vienne ”. Et, entre autres amants, elle connaîtra une liaison tumultueuse avec le peintre Oskar Kokoschka (qu’incarne Vincent), à qui elle inspirera son tableau le plus célèbre, “la Fiancée du vent ”. “Jouer Kokoschka me plaisait bien parce que je suis assez friand des peintres viennois de cette période et que le travail de la peinture me touche particulièrement. Jeune, j’avais commencé à peindre, et puis j’ai arrêté la peinture pour casser mon isolement et aller vers les autres.” Et les autres, d’évidence, lui ont ouvert tout grand les bras.
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