The Vincent
PEREZ
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MADAME FIGARO INTERVIEW
April 17, 2004   
 

SI C'ETAIT L'HOMME IDÉAL?

Avec son physique et son talent, on aimerait croire qu’il en existe d’autres! Marié à une actrice, ce père de famille nombreuse joue, réalise, signe des scénarios. A l’écran dans “Alma”, il incarne le peintre viennois Oskar Kokoschka en pleine passion amoureuse.Son premier film en tant que réalisateur, “Peau d’ange” (en 2002), il l’avait coécrit avec son épouse, la comédienne Karine Silla. Cette fois, et ce sont des choses qui arrivent même dans les couples les plus unis, ils font scénario à part. “Depuis septembre, pendant que Karine en écrit un de son côté, je travaille tout seul à mon prochain film avec l’impression d’avoir devant moi une montagne à escalader,” dit-il avec le sourire vaillant du mordu de la petite reine abordant les premières pentes du Ventoux.

Ce garçon est étonnant, grave et léger à la fois, limpide et en même temps translucide, toujours cordial, fonctionnant de préférence aux sentiments et à l’intuition, se décrétant cartésien avec, paradoxalement, une tendance pas banale à se laisser griser par les histoires de fantômes, de conjonctions surnaturelles, de connexions mirobolantes. Il conteste d’abord ce penchant pour le surnaturel, finit par l’admettre avec un petit rire où frise, malgré tout, une certaine perplexité : “J’ai toujours été fasciné par l’univers des légendes, et c’est dans les légendes bretonnes que je puise les idées de mon film. J’avais besoin de me retrouver tout seul devant la page blanche et d’exprimer un univers enfoui en moi jusque-là.”

LE RÔLE DE SA VIE ? CELUI DE PAPA

Il aura quarante ans en juin prochain, et c’est en somme son mariage avec Karine Silla, épousée le 18 décembre 1998, qui aura mûri Vincent, que l’on avait vu jusque-là en éternel jeune premier avec son cortège de frasques et d’insouciance. “Ma rencontre avec Karine a déclenché plein de choses qui portent leurs fruits aujourd’hui. J’admire son regard sur le monde, c’est pour cela que je suis tombé amoureux d’elle. Avant elle, je suivais mon instinct tout en espérant une rencontre, celle dont on rêve tous. Avec Karine, j’ai appris à avoir confiance en moi, à me sentir libre et à avoir conscience de mon besoin d’avancer, c’est-à-dire de veiller sur mes enfants tout en étant le meilleur acteur et metteur en scène possible. ”

Son mariage avec Karine lui a valu de connaître, à son grand ravissement, une paternité quelque peu galopante : Karine, en effet, avait déjà une fille, Roxane, douze ans ; ils ont eu une autre fille ensemble, Iman, quatre ans et demi (“Sa naissance a ouvert une nouvelle période de ma vie ”), et des jumeaux de quatorze mois, un garçon, Pablo (“alors que je ne suis entouré que de filles!”), et une fille, Tess. “Avoir une famille donne une force supplémentaire, et les enfants procurent un bonheur immense. Ils s’éveillent les uns par rapport aux autres, ils créent une force de groupe; le fait de les voir me donne envie d’être sans cesse disponible et ouvert. Mis à part mon métier, ce que je veux désormais, c’est apporter le bonheur à mes enfants. Il faut donc que je fasse les bons choix.

LA PALETTE DE L’ACTEUR

Quand il n’est pas en tournage, Vincent emmène les minots à l’école, s’occupe des tout-petits. “Je les change, je leur donne à manger, je les nettoie. Et comme Karine avait déjà été maman avant Iman et les jumeaux, cela a dissipé les angoisses habituelles que connaissent les nouveaux parents. ” Avec ça, lui qui était introverti, qui auparavant avouait un côté taciturne avec une certaine difficulté à s’exprimer, a dû s’habituer à “vivre un peu à l’africaine, ma femme étant à moitié sénégalaise. Ainsi, ma belle-sœur vit dans le même immeuble que nous, et leur tante est la deuxième mère des enfants parce que, en Afrique, on dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant. Alors il y a des allées et venues sans arrêt ”.

Il s’interrompt avec encore ce sourire qui crible son regard d’un trop-plein de plaisir, reprend comme on livre une confidence : “J’ai mis des années à vivre comme ça, à accepter d’avoir du bruit et de l’agitation autour de moi. ” Aujourd’hui, on en jurerait, il ne pourrait plus vivre autrement. Et comme il trouve encore le temps d’être acteur, il est maintenant au générique d’" de Bruce Beresford - sur les écrans le 28 avril -, aux côtés de Sarah Wynter, révélée dans la série télé 24 Heures chrono", et de Jonathan Pryce : l’évocation de la vie d’Alma Mahler, l’épouse du compositeur et chef d’orchestre Gustav Mahler et, au tournant du XXe siècle, considérée comme “la plus belle femme de Vienne ”.

Et, entre autres amants, elle connaîtra une liaison tumultueuse avec le peintre Oskar Kokoschka (qu’incarne Vincent), à qui elle inspirera son tableau le plus célèbre, “la Fiancée du vent ”. “Jouer Kokoschka me plaisait bien parce que je suis assez friand des peintres viennois de cette période et que le travail de la peinture me touche particulièrement. Jeune, j’avais commencé à peindre, et puis j’ai arrêté la peinture pour casser mon isolement et aller vers les autres.” Et les autres, d’évidence, lui ont ouvert tout grand les bras.


[Interview by Christian Gonzalez]

 

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