The Vincent
PEREZ
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GALA MAGAZINE
2007                                                        

Vincent Perez : “Karine est la pièce maîtresse de mon quotidien”

Dans Si j’étais toi, son deuxième film en tant que réalisateur, il met en scène un drame familial. Mais à la ville, l’acteur est un chef de clan solide. Qui a trouvé sa vérité auprès des siens et de sa femme.

En 1990, il lui avait suffi d’un fleuret moucheté dans Cyrano de Bergerac pour faire chavirer toutes les Roxane et autres damoiselles. Treize ans plus tard, c’était encore en joli cœur (il était le héros de Fanfan la Tulipe) qu’il montait les marches de Cannes... Entre-temps, pourtant, Vincent Perez s’était marié, était devenu père de trois bambins, avait même composé un rôle de travesti dans le troublant Ceux qui m’aiment prendront le train, de Patrice Chéreau. Mais rien n’y faisait. Cette étiquette de jeune premier romantiquerésistait. L’entravait. Au risque de se faire oublier, l’acteur s’est donc mis en retrait.S’est isolé dans sa bulle familiale. A l’en croire, la renaissance était à ce prix...

Gala : Vous voilà aujourd’hui derrière la caméra, mais cela fait longtemps que l’on ne vous a pas vu devant...

Vincent Perez : C’est vrai. Pour le moment, le cinéma français ne me demande pas beaucoup.

Gala : Vous le vivez comme une souffrance ?

VP: Non. D’une part parce que je suis très actif par ailleurs – je viens de réaliser ce film, en mai dernier, j’ai publié une bande dessinée, La forêt, je viens également d’acheter les droits de Seul dans Berlin, sur lequel travaille Jorge Semprun... D’autre part, j’ai envie de continuer à sacraliser le cinéma en tant qu’acteur. Je ne veux pas en faire pour des raisons alimentaires. Si je reviens, c’est pour interpréter des rôles qui m’excitent.

Gala: Plus clairement ?

VP: Il y a trois ans, j’étais un peu perdu, je me sentais malheureux, ce que je faisais ne me plaisait plus. A cette époque, Valeria Bruni-Tedeschi (actrice et amie du couple, ndlr) m’a donné un très bon conseil. Elle m’a dit : « Moi, j’essaie d’avancer avec mon univers. » J’ai soudain réalisé que jusque-là je m’étais toujours coulé dans celui des autres, que je n’avais jamais cherché à approfondir le mien. Alors, pendant un temps, je me suis recentré sur mes enfants, ma famille. Ce sont eux qui m’ont permis d’approcher ma vérité. Et aujourd’hui, j’avance sur un terrain où, tout à coup, j’ai l’impression de renaître. Je suis moi-même.

Gala: Quand vous regardez en arrière, l’image du jeune premier qui faisait craquer filles et garçons, vous vous dites quoi?

VP: Je m’en fous de séduire ou pas. Je ne suis pas et n’ai jamais été un stratège. Je suis un solitaire. Je vis comme un solitaire au milieu de sa bulle.

Gala: Une bulle plutôt solide : marié depuis dix ans avec l’actrice Karine Silla, quatre enfants à vous deux (Roxane, quinze ans, la fille que Karine a eue avec Gérard Depardieu, Iman, huit ans, et les jumeaux Pablo et Tess, quatre ans)... Au quotidien, comment tout cela s’organise-t-il?

VP: Karine est la pièce maîtresse. D’autant que, entre les leçons de piano, de natation, de danse, d’équitation, les enfants sont très occupés ! Mais dès que je le peux, c’est moi qui les emmène ou vais les chercher à l’école. Et quand il arrive qu’un tournage m’éloigne d’eux pendant longtemps, comme ce fut le cas avec Si j’étais toi – je suis resté six mois au Canada – ç’a été très dur. Ça m’a rendu malade. J’ai une vraie relation avec mes enfants.

Gala : Avec chacun d’eux?

VP: Oui. Même si, comme il y en a quatre, ce n’est pas toujours évident. On manque de bras, on a toujours la peur que l’un d’eux se sente lésé.

Gala: Etes-vous tout aussi complice avec Roxane, votre belle-fille?

VPElle est très proche de sa mère, mais on a nos terrains à nous, qui sont essentiellement artistiques, autour du dessin. Elle m’a beaucoup aidé par exemple pour la BD que j’ai faite.

Gala: Avec Karine, vous faites mentir cette théorie qui veut que l’amour dure trois ans?

VP: Au début, c’est vrai, on est dans le mouvement amoureux, la découverte de l’autre, après, on entre dans le concret. Il y a des gens qui n’ont pas envie de ça. Il faut avoir envie de rester ensemble, de réussir son couple et savoir préserver ce désir-là. Il y a également un autre élément important, avant d’être ma femme, Karine était ma meilleure amie. Alors, quand il arrive au couple de se heurter, ce sont les amis qui se parlent. Ce sont deux relations différentes et complémentaires. Et je crois que la solution du couple est là.

 

[Interview by Jeanne Bordes]

 

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