The Vincent
PEREZ
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TRIBUNE DE GENEVE
December 17, 2008                                                

:LA BULLE CACHEE DE VINCENT PEREZ

L’acteur et réalisateur signe le scénario de «La forêt», un conte fantastique mis en images par Tiburce Oger. Avant son retour au cinéma l’an prochain.

Il s’était un peu éloigné du grand écran. Parce que, dit-il, «les rôles qu’on lui proposait ne lui correspondaient pas». Ou plus. A force de toucher à différents genres, de passer du drame à la comédie, l’image de Vincent Perez apparaissait suffisamment brouillée pour que l’acteur décide de prendre du recul. «Quatre ans que je n’ai plus fait de cinéma en France», glisse-t-il dans le feu d’une conversation menée tambour battant, à l’intérieur d’un grand hôtel de la place. «Je suis rentré dans la quarantaine sans bien avoir passé le cap au niveau des personnages que je pourrais interpréter. Résultat, on ne savait plus vraiment où me mettre.»?

Pragmatique, Vincent Perez n’a pas gambergé pour autant. «Dans une carrière, je pense que tous les dix ans à peu près, il faut essayer de réinventer.» Ce qu’il a fait, en tournant notamment pour la télévision. Sur TF1, celui qui fut Fanfan la tulipe est devenu le lieutenant Vincent Revel dans la série Paris enquêtes criminelles, une adaptation du feuilleton New York section criminelle. «Un rôle qui m’a demandé énormément de travail.» Mais qu’il préfère arrêter, par crainte d’être catalogué. On le reverra dans L’avalanche, un téléfilm haletant diffusé en première ce vendredi sur TSR1.

Dans un registre très différent, le comédien né à Lausanne a découvert la bande dessinée. Redécouvert plutôt. «Mes premières lectures, c’était Lucky Luke, Astérix, les albums de Gotlib. Par la suite, j’ai arrêté d’en lire quand j’ai commencé à m’intéresser à la photo (ndlr: il a étudié à l’école de Vevey) et au théâtre.» Passion de gosse, le neuvième art s’est rappelé à son bon souvenir par la bande, si l’on peut dire. Inspiré par Les chevaliers de la table ronde, les contes d’Andersen et de Grimm, Vincent Perez brodait d’épiques récits pour ses enfants, le soir à la veillée. Un jour, il s’est décidé à les mettre sur papier. «J’avais écrit un scénario qui aurait coûté beaucoup trop cher pour être transposé au cinéma. Je me suis demandé si j’allais en faire un roman ou autre chose.» Cet «autre chose», ce sera une BD, intitulée La forêt.

«Il y a eu une rencontre avec Tiburce Oger, comme un déclic, une étincelle.» Le dessinateur est tombé amoureux de ce récit légendaire aux accents celtiques, dans lequel une jeune fille se retrouve en proie à divers sortilèges. «Au début, on pensait sortir un seul volume, mais on s’est attaché aux personnages.» Scénariste BD, Perez a rempilé pour un deuxième tome. Il y joue notamment de l’idée de la réincarnation. «La bande dessinée, c’est un moment de récréation pour moi. On a la liberté d’écrire ce qu’on veut. Il n’y a pas la pression financière comme quand on réalise un film.» Passionné par son nouveau job, Vincent Perez va pourtant revenir au cinéma, sous la direction de Denis Dercourt, le réalisateur de La tourneuse de pages. Dans ce long-métrage provisoirement intitulé Loin des balles, il interprète le rôle d’un pianiste. «Pour être crédible, j’ai fait tous les jours du piano pendant six mois, moi qui n’en avais jamais touché un de ma vie auparavant. C’est le rôle que j’attendais depuis des années, un des plus beaux de ma carrière.»

Relancé, Perez s’enthousiasme aussi pour un long-métrage que prépare le cinéaste genevois Nicholas Peart. Il y interprétera un chirurgien travaillant pour une ONG, en Afrique. Un rôle riche avec un personnage tourmenté par une grosse crise existentielle. L’acteur a les yeux qui brillent quand il parle de ce projet, dont le tournage devrait débuter fin 2009. En attendant, il planche sur le tome III de La forêt. Sans angoisse de la page blanche. «Quand j’écris, mes héros vivent devant moi. Je n’ai qu’à les suivre.» Les bons albums se font comme ça.


[Article by Philippe Muri]

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