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:LA BULLE CACHEE DE VINCENT PEREZ
L’acteur et réalisateur signe le scénario de «La forêt»,
un conte fantastique mis en images par Tiburce Oger. Avant son retour au
cinéma l’an prochain.
Il s’était un peu éloigné du grand écran. Parce que, dit-il, «les rôles
qu’on lui proposait ne lui correspondaient pas». Ou plus. A force de toucher
à différents genres, de passer du drame à la comédie, l’image de Vincent
Perez apparaissait suffisamment brouillée pour que l’acteur décide de
prendre du recul. «Quatre ans que je n’ai plus fait de cinéma en France»,
glisse-t-il dans le feu d’une conversation menée tambour battant, à
l’intérieur d’un grand hôtel de la place. «Je suis rentré dans la
quarantaine sans bien avoir passé le cap au niveau des personnages que je
pourrais interpréter. Résultat, on ne savait plus vraiment où me mettre.»?
Pragmatique, Vincent Perez n’a pas gambergé pour autant. «Dans une carrière,
je pense que tous les dix ans à peu près, il faut essayer de réinventer.» Ce
qu’il a fait, en tournant notamment pour la télévision. Sur TF1, celui qui
fut Fanfan la tulipe est devenu le lieutenant Vincent Revel dans la série
Paris enquêtes criminelles, une adaptation du feuilleton New York section
criminelle. «Un rôle qui m’a demandé énormément de travail.» Mais qu’il
préfère arrêter, par crainte d’être catalogué. On le reverra dans
L’avalanche, un téléfilm haletant diffusé en première ce vendredi sur TSR1.
Dans un registre très différent, le comédien né à Lausanne a découvert la
bande dessinée. Redécouvert plutôt. «Mes premières lectures, c’était Lucky
Luke, Astérix, les albums de Gotlib. Par la suite, j’ai arrêté d’en lire
quand j’ai commencé à m’intéresser à la photo (ndlr: il a étudié à l’école
de Vevey) et au théâtre.» Passion de gosse, le neuvième art s’est rappelé à
son bon souvenir par la bande, si l’on peut dire. Inspiré par Les chevaliers
de la table ronde, les contes d’Andersen et de Grimm, Vincent Perez brodait
d’épiques récits pour ses enfants, le soir à la veillée. Un jour, il s’est
décidé à les mettre sur papier. «J’avais écrit un scénario qui aurait coûté
beaucoup trop cher pour être transposé au cinéma. Je me suis demandé si
j’allais en faire un roman ou autre chose.» Cet «autre chose», ce sera une
BD, intitulée La forêt.
«Il y a eu une rencontre avec Tiburce Oger, comme un déclic, une étincelle.»
Le dessinateur est tombé amoureux de ce récit légendaire aux accents
celtiques, dans lequel une jeune fille se retrouve en proie à divers
sortilèges. «Au début, on pensait sortir un seul volume, mais on s’est
attaché aux personnages.» Scénariste BD, Perez a rempilé pour un deuxième
tome. Il y joue notamment de l’idée de la réincarnation. «La bande dessinée,
c’est un moment de récréation pour moi. On a la liberté d’écrire ce qu’on
veut. Il n’y a pas la pression financière comme quand on réalise un film.»
Passionné par son nouveau job, Vincent Perez va pourtant revenir au cinéma,
sous la direction de Denis Dercourt, le réalisateur de La tourneuse de
pages. Dans ce long-métrage provisoirement intitulé Loin des balles, il
interprète le rôle d’un pianiste. «Pour être crédible, j’ai fait tous les
jours du piano pendant six mois, moi qui n’en avais jamais touché un de ma
vie auparavant. C’est le rôle que j’attendais depuis des années, un des plus
beaux de ma carrière.»
Relancé, Perez s’enthousiasme aussi pour un long-métrage que prépare le
cinéaste genevois Nicholas Peart. Il y interprétera un chirurgien
travaillant pour une ONG, en Afrique. Un rôle riche avec un personnage
tourmenté par une grosse crise existentielle. L’acteur a les yeux qui
brillent quand il parle de ce projet, dont le tournage devrait débuter fin
2009. En attendant, il planche sur le tome III de La forêt. Sans angoisse de
la page blanche. «Quand j’écris, mes héros vivent devant moi. Je n’ai qu’à
les suivre.» Les bons albums se font comme ça.
[Article by Philippe Muri]
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